Dans le numéro actuel d’Animation & Education de l’OCCE, un dossier "Faire classe dehors, un enjeu de société".
L’éducation par la nature n’est pas nouvelle, Jean-Jacques Rousseau la défendait déjà dans son traité Émile ou De l’éducation. Les pédagogies alternatives, actives et humanistes font régulièrement référence à la
classe dehors pour inscrire cette éducation par la nature dans les pratiques pédagogiques des enseignants. Pour autant, cette approche est restée assez timide en France jusqu’à ces dernières années.
La crise sanitaire récente a été le révélateur du besoin de nature grandissant dans notre société et notamment à l’école. Ce besoin, les enseignants l’expriment différemment en fonction de leur conception de la nature. Mais, au-delà de ces divergences, ils partagent tous la même finalité éducative : garantir un avenir durable en recréant un lien souvent perdu entre la nature ou l’environnement proche et soi-même ou les autres. Un enjeu majeur pour le devenir de nos sociétés occidentales !
Au-delà du phénomène d’engouement accentué par la crise sanitaire, faire classe dehors – dans la nature, un espace vert ou boisé proche de l’école, un coin de cours aménagé, un terrain communal réaffecté… – réinterroge la forme scolaire, la posture de l’enseignant, la relation pédagogique qu’il entretient avec ses élèves et les rapports qu’il développe avec les parents et les acteurs locaux qui l’accompagnent dans sa démarche et ses choix pédagogiques.
Faire classe dehors interroge aussi les enseignants sur l’équilibre à trouver entre des situations d’apprentissages intra- et extramuros. Ces dernières, au-dehors, privilégient une approche sensorielle et sensible du milieu, un autre rapport au temps et un lâcher-prise de l’enseignant. Il s’agit également de donner du sens aux apprentissages en se confrontant à la résistance du réel. Ce contexte favorise l’affirmation de soi tout autant que la coopération. Les autres, au-dedans, sont l’occasion de mettre en mots ses émotions, ses observations, ses interrogations… afin de construire un savoir argumenté, connecté à une réalité objectivée.
En proposant ce dossier, réalisé en étroite collaboration avec les membres du chantier éco’coop(1), l’OCCE réaffirme qu’il ne peut y avoir de transition écologique sans une éducation fondée sur les principes de coopération, ceux-là mêmes qui régissent le plus souvent les relations entre les êtres vivants. Éduquer à la nature
par la nature, c’est aussi amener les enfants à percevoir les milieux naturels ou leur environnement proche comme un bien commun à préserver pour la nature elle-même et tous ses habitants, humains et non-humains. Faire classe dehors, c’est aussi éduquer à une nouvelle solidarité des vivants qui reste à construire. »
Fabrice Michel,
coordinateur pédagogique national de l’OCCE
Philippe Mahuziès,
responsable du chantier éco’coop de l’OCCE