Les « Chiasses du Rhône » pardon ! « la gestion sédimentaire du Rhône »

04/06/2021

Et revoici les "Chiasses du Rhône », pardon « Les APAVERs » : opération de gestion des sédiments !
Pierre Descôtes nous apporte les dernières nouvelles :

En ce moment et ce pour plusieurs semaines tous les barrages du Rhône depuis Genève jusqu’à la mer cracheront à nouveau leur limon puant qui s’accumule par manque de débit.
Une nouvelle fois de grands penseurs, après certainement bon nombre de réunions ont décidé de choisir le mois de Mai pour les chasses (pardon, la gestion sédimentaire !) que l’on nous impose tous les trois ans environ.
Nous sommes plusieurs professionnels du Canoë-Kayak exerçant sur le Haut-Rhône depuis plus de vingt ans qui essayons laborieusement de faire connaitre au plus grand nombre la navigation douce sur ces parcours souvent attrayants du Rhône sauvage.
Les grands weekends de Mai sont souvent pour nous l’occasion de débuter notre saison.
Les conditions pour exercer nos métiers de petits indépendants étant déjà des plus compliquées, c’est un séjour de 900€ que j’ai du annuler pour le weekend de Pentecôte.

  • Ne pourrait-on pas avancer ces dates de purge au mois d’avril où peu de gens naviguent déjà ?
  • N’y aurait-il pas d’autres solutions pour se débarrasser de ces boues nauséabondes qui ne peuvent plus s’évacuer naturellement ?
  • Est-ce trop compliqué d’informer les quelques professionnels que nous sommes à travailler sur ce secteur ?
  • De plus en plus de gens choisissent de naviguer le Rhône sans encadrement ; est-on sûr qu’ils aient ces informations que même les pros n’arrivent pas à avoir ?

À l’heure où nous essayons de faire en sorte que « La Via Rhôna » et ses milliers de cyclistes s’ouvre aussi aux sports de pagaie, il serait temps de penser que le Canoë-Kayak n’est bientôt plus un sport de haut niveau !

Pour finir, il n’y a qu’à lire l’article suivant pour confirmer que le manque de communication et de logique est flagrant !

Un couple piégé par la purge du Rhône a été hélitreuillé
Les pompiers, la police et la Rega sont intervenus jeudi soir, pour extirper de la vase deux individus en bateau gonflable.
Lire l’article


19/05/2021

Pierre DESCOTES, professionnel installé sur Moutiers en Savoie, nous a informé d’une opération de délestage de sédiments de tous les barrages du Rhône à l’aval de Genève du 17 au 28 mai 2021. Afin de prévenir les risques d’inondation du quartier de la Jonction de Genève, les Services Industriels de Genève (SIG) surveillent les niveaux des sédiments (argile, limon, sable…) qui s’accumulent avec le temps au pied des barrages. Cette accumulation, notamment devant le barrage de Verbois, ne doit pas atteindre un niveau critique. La SIG et la CNR (Compagnie Nationale du Rhône) qui gèrent les ouvrages hydroélectrique expliquent que la gestion sédimentaire du Rhône regroupe des opérations visant à l’évacuation des sédiments naturels contenus et accumulés dans le Rhône (dragage, accompagnement de crues, abaissement partiel des ouvrages). Elle permet de répondre à des enjeux de sûreté (inondation, stabilité des barrages, etc.) tout en maîtrisant les retombées sur l’environnement (impacts sur la faune et la flore etc.).

Éléments de langage

A lire le communiqué tout va bien dans le meilleur des mondes et ces opérations visent avant tout à préserver le sérieux et l’honorabilité de la SIG et de la CNR. On nous explique savamment que le but est d’accélérer la vitesse du courant en abaissant le niveau d’eau d’une chaine de barrages et de faire transiter un maximum de sédiments tout en préservant l’environnement et la biodiversité du fleuve. C’est beau le verbiage technocratique, ici on déleste d’énormes quantités de sédiments mais, tout va bien, on gère, les poissons et autres invertébrés sont informés ! Que pouvons-nous penser de cela alors que l’on vient, ici ou là, nous titiller pour des prétendus impacts jamais démontrés lorsque l’on touche quelques cailloux avec nos embarcations ou que l’on marche à pied sur les galets ?

Réellement il ne faut pas se voiler la face les nuisances des barrages sur l’environnement sont énormes et ce ne sont pas des opérations de ce genre qui répareront ces dégâts. De par le monde des dizaines de milliers de barrages bloquent la circulation des sédiments et du vivant aquatique, on peut citer l’empêchement des migrations, la salinisation des deltas ou le recul du trait de côte. Si nous voulions redonner vie à ces fleuves il faudrait, à minima, une continuité du lit, probablement aurions-nous du dériver une partie des eaux pour créer des stockages en dehors des grandes vallées. Cela aurait été le seul moyen pour ne pas couper le chemin de l’eau et tout ce qui va avec (les sédiments, la vie aquatique et le débordement des crues).

Les migrations

Peu de poissons sont absolument sédentaires, hors quelques espèces des récifs coralliens ou vivant dans des eaux fermées. La plupart des espèces marines et de rivières, accomplissent (individuellement ou de manière grégaire) des déplacements saisonniers ou migratoires. Beaucoup de poissons migrent de manière cycliquement régulière (à l’échelle du jour ou de l’année), sur des distances de quelques mètres à des milliers de kilomètres, en relation avec les besoins de reproduction ou en nourriture, les conditions de température ; dans certains cas, le motif de la migration n’est pas connu. On peut citer les migrateurs amphibiotiques qui changent de milieu en passant des eaux douces à la mer ou inversement du milieu marin vers les eaux continentales comme le saumon atlantique ou l’anguille.

Le trait de côte

Le trait de côte pourrait se définir simplement comme la limite entre la terre et la mer, constitué par une bande côtière de largeur variable. Le retrait du trait de côte est l’érosion du littoral, ses causes sont multifactorielles on peut citer l’élévation du niveau de la mer (entre 2006 et 2015 il a monté de 3,6 mm/an) et la diminution d’apports de sédiments, on cite aussi le réchauffement climatique qui entraine une dilatation thermique des masses d’eau océaniques.

La salinisation des deltas

Ici encore les causes sont multifactorielles on retrouve à nouveau l’élévation du niveau de la mer (réchauffement), l’érosion du trait de côte du delta par manque d’apports sédimentaires (barrages) et la diminution des débits (baisse des précipitations).

La concertation, le choix des dates !?

Les dates choisies sont décidées par la SIG et la CNR, sans échanges avec les professionnels, elles ne sont pas des plus opportunes puisqu’elles arrivent juste au moment où les activités redémarrent, c’est un manque à gagner important que personne ne semble vouloir prendre en compte.

Si vous voulez en savoir plus sur ces opérations