Le dossier Canyon

Aujourd’hui en France, pour encadrer professionnellement le canyon, il faut être soit Guide de Haute Montagne (GHM), soit BE d’escalade ou BE spéléo. Un diplômé "canyon"d’un autre pays de l’Union Européenne ne peut pas exercer dans notre pays puisqu’il n’existe pas d’équivalence à son diplôme.

La CEC (Commission Européenne de Canyon) dont les diplômes professionnels n’étaient pas reconnus a déposé une plainte auprès de Bruxelles et l’UE a condamné la France pour son dispositif jugé discriminatoire et protectionniste. mais sans contrainte financière.
Suite à cela, l’Etat français a mis en ouvre en 2007 une procédure dite LPS (Libre Prestation de Service) pour pallier à cette condamnation.

Ainsi un "ressortissant de la CE" possédant un "titre de formation" étranger peut déposer un dossier dans le but d’obtenir une "équivalence" lui permettant de travailler légalement en France. En juin 2007, celle-ci fût ouverte seulement aux ressortissants européens et dura 2 semaines. En mai 2008, il y avait parmi les candidats des Français (car nous sommes aussi des ressortissants européens) dont certains ont obtenu le certificat. La session dura cette fois-ci 4 jours. Ce processus LPS (temporaire) est très sélectif.

En effet, le jury est composé de professionnels de la montagne (GHM, BE escalade et spéléo) et de personnels JS pas trop motivés à accorder cette autorisation d’exercer. Le trio corde s’est approprié les compétences liées à l’eau-vive sans associer les professionnels concernés.
Pour tous les autres, il faut donc maitriser la nage en eau-vive, et en même temps avoir au choix, des qualités d’alpiniste (tout type de grimpe), de skieur de montagne (GHM), ou passer du 7a en escalade (BE escalade), ou bien encore maîtriser les techniques et matériels de l’exploration de cavités souterraines (BE spéléo).

Afin de se mettre en conformité, le Secrétariat d’Etat chargé des Sports (SEJS) a profité de la sortie des nouveaux diplômes DE et DES pour mettre en place un groupe de travail sur un futur DE canyon.
Malgré notre demande insistante à la DEF, à M. Bernard LAPORTE puis à Mme Rama YADE, nous n’avons pas été admis à intégrer ce dispositif. Pour tenter de faire reconnaître notre place légitime en tant expert de l’eau-vive, le syndicat a sollicité un député des Hautes Alpes, Monsieur Joël GIRAUD, pour intervenir auprès de la secrétaire d’Etat chargée des Sports afin d’associer les professionnels du SNGP CKDA au chantier de mise en place de ce nouveau diplôme permettant l’encadrement du canyon.
Notre démarche est de rendre légitime et accessible l’encadrement du canyon aux professionnels (BE et BP nautiques).

Petit historique

Jusqu’à 1995, le syndicat a été naturellement associé à un groupe de travail du ministère sur une qualification complémentaire canyon. De fait, il était parfaitement admis que les professionnels du CK avaient une légitimité sur l’encadrement de cette activité.

Suite à la pression du lobby du syndicat des guides et de leurs bonnes relations avec le gouvernement de Monsieur BALLADUR et Madame ALLIOT-MARIE, alors Ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque, les professionnels du CKDA (et les AMM) ont été mis à l’écart au motif qu’ils ne maitrisaient pas la corde et que le canyon se définissait avant tout par la maitrise des techniques de corde.

Lors de la mise en place de la loi sur le sport en 2000, le Ministère Jeunesse et Sports avait promis de reconsidérer l’accès au canyon et à la randonnée aquatique lors de la mise en place des Brevets Professionnels et des chantiers auxquels nous participions : la promesse n’a pas été tenue.
Aucun soutien de notre fédération de tutelle délégataire (FFCK) qui s’est volontairement tenue à l’écart du dossier sous prétexte des difficultés qu’elle avait rencontrées par rapport à la problématique de l’accès à l’eau dans les années 1990.

Aujourd’hui, le syndicat est mis à l’écart de façon délibérée, dès le début des travaux initiés par le secrétariat d’état aux sports : refus des services "Formation / Réglementation" de nous inviter à la réunion de mise en place des travaux.
En effet, il existe un comité technique composé du trio à cordes (spéléo, escalade et guides), représenté par leur fédération délégataire et leurs inspecteurs coordonnateurs respectifs. Le syndicat n’est invité qu’au comité de pilotage (ce n’est pas un organe décisif). Cette démarche n’est pas inscrite dans un dialogue social que le Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports revendique pourtant.

La légitimité du syndicat sur ce dossier :

  • Notre compétence en eaux vives.
  • L’accidentologie mortelle liée principalement à l’eau (noyade).
  • Nos compétences dans la connaissance du milieu aussi bien d’un point de vue environnement naturel (le ruisseau, la rivière, le milieu vivant), juridique (réglementation du droit de l’eau et du sol) et sportif (un ruisseau avec de l’eau se fera en nage en eaux vives et sans eau se fera à pied et à la nage.).
  • La compétence "corde" peut s’acquérir lors d’une formation complémentaire au même titre que les métiers à corde ont une formation "eaux vives".
  • Notre participation constructive à la Commission Inter Fédérale Canyon (CCI).

Nous sommes dans un fonctionnement démocratique et nous revendiquons le dialogue social. Aujourd’hui c’est le protectionnisme professionnel qui fait loi et ce n’est pas acceptable.

C’est dans ce sens que nous avons fait appel au député des Hautes Alpes, Monsieur Joël GIRAUD pour qu’il porte notre parole. Un autre député, M. Germinal PEIRO, 4ème circonscription de la Dordogne, est également intervenu auprès du Secrétaire d’Etat.
Si vous connaissez des députés qui pourraient entendre cette cause, n’hésitez pas à vous mettre en lien avec le bureau du syndicat.

Ci-dessous, le texte de la lettre envoyée à la Secrétaire d’Etat Rama YADE :

Madame la Ministre,

J’ai été informé des projets de réforme de la réglementation de l’encadrement contre rémunération des activités de canyon. Dans ce cadre, il me parait très important d’associer à la démarche de concertation les professionnels concernés en exercice.

Or, j’ai été très surpris d’apprendre que le SNGP CKDA (Syndicat National des Guides Professionnels de Canoë Kayak et Disciplines Associées) n’était pas associé à cette démarche. Dans ma circonscription où les sports d’eau vive et la pratique du canyon constituent un volet important de l’économie touristique, les professionnels de l’eau vive ont fait preuve de leur compétence et de leur maîtrise des risques liés aux cours d’eau. Considérant que l’accidentologie en canyon est le plus souvent liée à l’eau, leur participation aux instances de concertation sur le sujet en discussion me parait indispensable.

Je vous serais donc reconnaissant de bien vouloir associer les représentants du SNGP CKDA à cete concertation conduite par votre ministère.
Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de ma haute considération.

Joël GIRAUD